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ARCHITECTURE D’AGREMENT
Le kiosque à musique de la place des écoles

Le kiosque à musique de Malakoff a constitué pendant plus de 60 ans un élément caractéristique de la place des écoles. Le petit kiosque de Malakoff a témoigné modestement certes du développement dans notre cité ouvrière de la musique populaire par ses acteurs locaux qui s’y produisaient aux beaux jours comme aux belles nuits. Les petits moyens financiers de la jeune commune n’avaient pas permis d’avoir un kiosque neuf. Alors on acheta un kiosque à musique qui avait été édifié dans l’enceinte du parc d’attraction Columbia, près de la Porte Maillot, créé à l’occasion de l’exposition universelle de 1900 à Paris et destiné à l’organisation de spectacles.

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Le kiosque à musique de Malakoff a constitué pendant plus de 60 ans un élément caractéristique de la place des écoles. Le petit kiosque de Malakoff a témoigné modestement certes du développement dans notre cité ouvrière de la musique populaire par ses acteurs locaux qui s’y produisaient aux beaux jours comme aux belles nuits. Les petits moyens financiers de la jeune commune n’avaient pas permis d’avoir un kiosque neuf. Alors on acheta un kiosque à musique qui avait été édifié dans l’enceinte du parc d’attraction Columbia, près de la Porte Maillot, créé à l’occasion de l’exposition universelle de 1900 à Paris et destiné à l’organisation de spectacles.

Le lieu d’implantation à Malakoff s’imposa très vite. Au début du siècle le seul endroit susceptible d’accueillir un public conséquent et l’organisation des fêtes était la place des écoles. Par ailleurs, toute la partie sud de Malakoff n’était quasiment pas urbanisée. Le kiosque à musique fut inauguré en grand pompe le dimanche 14 avril 1901.

Lieu de mémoire, le kiosque à musique apparaît aujourd’hui alors qu’il n’existe plus comme l’un des maillons dans la diffusion de la musique à Malakoff. Il aura représenté le symbole d’une émancipation qui a sorti le concert traditionnel de son carcan guindé et de sa codification, activité musicale de toute façon seulement proposée à Paris. Il demeurera durant plusieurs décennies un espace de sociabilité, de rencontres où les échanges étaient les bienvenus. Il a longtemps constitué une alternative à la salle de spectacle dont à toujours manqué Malakoff.
Relégué au fil du temps au nombre des accessoires désuets, inutiles et encombrants, son état s’est dégradé. On a alors préféré raser ce vestige d’une notre époque lors de la rénovation de la place.
 
Une construction métallique standard
 
Dès le 19ème siècle, les architectes constructeurs avaient donné aux kiosques à musique des repères standardisés reproduits sur le kiosque de Malakoff : une forme polygonale composée d’une toiture conique reposant sur des colonnettes. Un cadre de scène surélevé pour isoler les exécutants et permettre d’être vu du public. Cette scène composée d’un plancher comprenait un plafond en bois, essentiel pour l’acoustique
Le toit du kiosque en forme de chapeau chinois représentait un élément fondamental. Surmonté d’un petit mât porte drapeau, la toiture extérieure était en zinc notamment pour ses propriétés acoustiques. Pour assurer la caisse de résonance le plafond était en lames de sapin. Le tout était supporté par huit colonnettes en fonte très résistantes à la compression et reliées entre elles par une légère arcade.
 
La plate-forme sur laquelle se produisaient les formations musicales était un soubassement en dur surélevé d’environ à un mètre du sol. Le pourtour suivait le plan tracé par le positionnement des colonnes. Un garde corps en bois décoré sécurisait l’espace. Ce podium comprenait pour y accéder quelques marches, un escalier droit doté d’un petit portillon. Enfin, pour protéger et garder une distance symbolique avec le public, une clôture en fer courrait tout autour de l’édifice.
 
 Une atmosphère bon enfant
 
L’on sait par les anciens que pour leurs parents le kiosque est apparu comme un réel espace de liberté. On pouvait y arriver en retard ou partir avant la fin. On pouvait s’y rendre sans complexe même si on ne connaissait rien au programme. Chose rare au début du 20ème siècle les enfants y étaient largement tolérés. La musique et les spectacles au kiosque étaient un divertissement à bon marché offrant du bon temps et permettait d’oublier le dur quotidien du travail. La chanson de Georges Brassens « Sous le kiosque à musique » dépeint bien cette atmosphère bon enfant qui régnait autour de tous les kiosques à musique de France.
Le kiosque à musique deviendra rapidement un repère évident sur la place des écoles autour duquel les enfants se regroupaient comme le montrent les cartes postales de l’époque.
 

Photo : archives malakoff-patrimoine.fr

Photo : archives malakoff-patrimoine.fr

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Le kiosque de Malakoff faisait partie de ces modestes architectures d’agrément ouvertes et décorées qui se sont multipliées dans toutes les villes de France. Il s’en est construit environ 4000 partout en France entre 1850 et 1914

 

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NOSTALGIE
Propos d’un kiosque à musique malheureux

Comme la plupart de villes, Malakoff avait son kiosque à musique. Acheté d’occasion, le kiosque provenait de l’exposition universelle et trônait majestueusement sur la place des écoles. C’était le temps des fanfares et des concerts, des fêtes populaires et des manifestations officielles. Mais avec le temps, le vieux kiosque à musique a perdu son utilité. Nostalgie d’un amoureux du kiosque à musique qui signait un article en 1964. En guise d’adieu.

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Comme la plupart de villes, Malakoff avait son kiosque à musique. Acheté d’occasion, le kiosque provenait de l’exposition universelle et trônait majestueusement sur la place des écoles. C’était le temps des fanfares et des concerts, des fêtes populaires et des manifestations officielles. Mais avec le temps, le vieux kiosque à musique a perdu son utilité. Nostalgie d’un amoureux du kiosque à musique qui signait un article en 1964. En guise d’adieu.

« Et voilà, c’était à prévoir, vous ne me verrez plus. Je sais, d’aucuns se réjouissent déjà, certains battent des mains pendant que le pic, la pioche et la pelle me fouillent le ventre...mais vous ne m’empêcherez pas de dire encore ce que je pense, pour autant qu’un kiosque à musique silencieux depuis des années puissent penser.

Cela vous étonne que je me lamente aujourd’hui. C’est peut-être un peu tard, mais ; est-ce que je pouvais deviner, moi, vieillard familier de la place du 11 novembre 1918, veilleur solitaire de ce désert venteux, moi qui ai vu grandir je ne sais combien de générations de Malakoffiots, moi qui ai vu partir je ne sais combien de générations passées, moi, le vieux kiosque à musique, est-ce que je pouvais imaginer qu’un jour on ne voudrait plus de moi ? C’était inimaginable. Je sais, je n’étais pas beau, mais la beauté c’est une affaire d’habitude. Moi, j’étais là, au milieu de la place, trônant superbement, surveillant le marché trois fois par semaine, assistant sans rien dire aux changements, essayant tant bien que mal de m’adapter à mon époque. 

Je me souviens d’un temps glorieux

Tout à commencé, il y a fort longtemps. En ce temps là, j’étais encore jeune et fringant et les fanfares coquettes n’hésitaient pas à venir me faire du cuivre. J’avais un faible, je l’avoue pour ce genre de choses. Je me souviens du temps glorieux où la fanfare locale, majorettes en tête, venait me donner l’aubade en titubant plus ou moins et en jouant à saute-mouton avec les notes d’une partition récalcitrante. Mais les trompettes se tiraient fort bien d’affaire et tout le monde arrivait tant bien que mal au bout du morceau, presque en même temps. C’était une véritable exécution. Mais tout le monde était content et les enfants suivaient joyeusement la fanfare, on riait, on se tapait dans le dos, puis gaillardement, la fanfare, tambours roulant et clairons chantant, me faisait une révérence et partait, à la queue leu-leu par l’avenue Jean-Jaurès, escortée de rires. C’était le bon temps.

Il y avait aussi, et je ne les oublie diantre pas, les bigophones...Ils ne manquaient aucune occasion de venir me saouler de musique de papier. Vous souvient-il de leurs canotiers à ruban vert, de leur costume blanc, toujours blanc ? Ils marchaient l’un derrière l’autre, soufflant dans leurs instruments de carton argenté. 
 
Et un jour la fanfare n’est plus venue. Il n’y avait plus de fanfare à Malakoff. Ce fut le début de la fin. Les bigophones ne vinrent plus. Il n’y avait plus de bigophones. Alors, dites-moi, à quoi peut bien servir un kiosque à musique quand il n’y a plus de musique ?
 
On m’utilisa alors à toutes sortes de choses. Mais il n’y avait que la musique qui me plaisait. Une fois l’an, on me déguisait et on m’illuminait. C’était à Noël. J’avais encore fière allure ainsi travesti, enguirlandé de lumières multicolores. Un beau jour, on me planta un sapin en plein milieu. Mais forcément mon toit en chapeau chinois limitait la hauteur du sapin. Alors, on me supprima mon toit : on scia les vieilles poutres fidèles. Et je fus décapité bien qu’innocent. Certains prétendent qu’on me mutila de la sorte parce que la construction était devenue branlante. Moi je veux bien. Mais je ne crois guère à cette raison là. Moi, branlant, allons donc, je suis encore vert, je suis encore dur. Attention, seulement il ne fallait pas s’attarder autour de moi par jour de grand vent. Mais c’est tout, rien de plus. Je tenais encore debout non d’un chien !

Et maintenant me voilà à terre !

J’étais un personnage important. On parlait de moi. Tenez, je vais vous dire un secret : quelqu’un envisagea d’utiliser mon sous-sol pour en faire, devinez quoi : pour en faire des vespasiennes, oui monsieur. Avoir songé à me faire çà, à moi ! J’en suis encore rouge de colère et de confusion ! Toute ma dignité de vieux kiosque distingué en craqua d’effroi. Et c’est sans doute cela qui me vieillit ainsi prématurément. 
 
Et voilà, Aujourd’hui, seule ma vieille grille verte à encore échappé à la démolition. C’était une vaillante amie, ma grille, avec ses portes grinçantes et ses pointes aux airs menaçants, mais si bon enfant. Quel enfant n’a jamais sauté dans mes fusains ? Et ma grille se gardait bien de blesser les gosses. Mais cela n’a rien empêché, puisque maintenant me voilà à terre, démoli, en miettes. 
A ma place, on prétend installer l’un de ces prétentieux jets d’eau tout juste bon à glouglouter. Une vasque décorée, des projecteurs et de l’eau en panache...C’est tout ce qu’on a trouvé pour me remplacer ! Enfin, je pars le coeur gros et vous laisse avec votre jet d’eau, je m’en vais et nul n’aura un mot gentil pour me réconforter. Allez, et amusez-vous bien tout de même, avec votre jet d’eau !. 
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Un kiosque malheureux qui voulait donner du bonheur


Article paru le 15 février 1964 dans Les Nouvelles (N° 996)
 

 

 

 

 

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